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4 avril 2013 4 04 /04 /avril /2013 01:20

Finalement Jérôme Cahuzac a craqué. Il a avoué son compte bancaire à l’étranger. Un compte pour ne pas payer l’impôt ou pour cacher la provenance de l’argent ? Mais plus personne ne doutait qu’il allait se révéler coupable présumé depuis qu’il avait présenté sa démission…Et si le président prend bien soin de préciser que c’est lui qui a demandé à son ministre du Budget de démissionner, c’est bien que l’Elysée s’attendait à ce que rapidement le colocataire de Bercy vende la mèche.

On nous dit que Cahuzac est désormais un homme brisé. Mais cet homme qui prônait l’austérité la plus dure, toujours en train de faire la leçon aux petites gens, combien de vies sa politique a-t-elle brisée ?

La vindicte de la droite est d’une rare hypocrisie. Dans un monde où les affaires, la finance, la direction des grandes entreprises, la politique se mêlent et s’entremêlent, les voir ainsi se déchaîner contre ce qu’ils appellent la gauche morale a quelque chose d’indécent. Car les cadavres cachés dans les placards, plus que les politiques, corrompus ou non, ce sont les sociétés multinationales, les financiers, les marchands d’armes qui placent de l’argent ici ou là et dont le territoire de chasse est toute la planète. A côté, le Cahuzac est un bien gagne petit.

Gagne petit, mais chez ces gens là, comme aurait dit Brel…

Cahuzac a menti, non pas parce qu’il s’était enfermé dans son mensonge et qu’il ne savait pas comment s’en sortir, comme le disent certains psychologues de comptoir. C’est beaucoup plus simple : il a menti parce que ces gens là –riches à souhait- se croient au dessus de toutes les lois. Ils se croient tout permis. La bourgeoisie est ainsi faite qu’elle n’a pas de complexes. Comme DSK qui peut sortir des millions de dollars pour avoir un appartement à New York et verser la caution aux juges américains d’un claquement de doigt.  Ce monde là, comme tant d’autres, n’a rien à voir avec le monde du travail –comme l’avait encore il y a quelques décennies le parti socialiste (même quand il avait une politique résolument social démocrate). L’important, c’est que nombre de dirigeants et d’élus socialistes défendent avec vigueur une politique d’austérité pour les couches populaires, de liquidation des conquêtes sociales et sont obnubilés par l’entreprise et la bonne marche des affaires. C’est ce corpus idéologique de ceux qui sont hostiles aux 35 heures, qui pestent contre la France qui aspire à vivre et travailler mieux qui font le lit d’un côté des Cahuzac et de l’autre des Le Pen.

On attend de la gauche du parti socialiste, si tant est qu’il y en ait encore une, qu’elle rompe et qu’elle casse non seulement avec cette politique là mais aussi avec l’organisation politique dans laquelle elle se trouve encore. Sinon, toutes les déclarations, les coups de gueule et les coups de menton apparaîtront pour ce qu’ils sont : des artifices.

Le président Hollande affirme doctement, avant de s’envoler pour le Maroc –parlera-t-il à Rabat des droits de l’homme ?- que chaque parlementaire condamné pour corruption sera inéligible à vie. Chacun sait bien que ce ne sont que des paroles. Hollande agit comme Sarkozy. Un événement, une déclaration, une interdiction. Mais il lui faudra bien passer par la case parlementaire pour la faire voter. Ce sera ensuite aux juges de décider, en fonction des lois, car l’automaticité de la peine est, elle, profondément totalitaire.

Hollande et sa majorité socialisto-radicale-écologicoverte, n’ont pas échoué. Ils n’avaient pas pour objectif de transformer la France ni d’aller vers des progrès sociaux. La société plus juste se transforme en société plus dure. Pour faire passer la pilule, le gouvernement agite encore le drapeau de l’islamophobie. Sous le prétexte bien commode de la laïcité étendue il veut faire voter une nouvelle loi dont les seules montrées du doigt seraient les femmes musulmanes.

De Cahuzac à cette politique de fermeture et d’exclusion, à cette politique dure au pauvre, il n’y a qu’un pas.

Il faut naturellement combattre ces privilégiés de la fortune mais on sent chez certains socialistes comme un soulagement : parlons des affaires, on ne parlera plus du patronat et de la  finance, des politiques antisociales, des usines qui ferment et de l’âge de la retraite repoussé aux calendes grecques, si l’on ose dire.

Un mot encore : oui, ceux qui font cette politique dure au monde du travail, il faut les nommer. Nommer les actionnaires des sociétés du CAC 40, dire où ils habitent (pas leur adresse précise on s’en moque, mais quels quartiers). Faire de même pour les parlementaires habitués des paroles austéritaires : où vivent ils, comment vivent ils, combien gagnent –ils ? Pourquoi certains députés ou maires de province habitent ils en fait à Paris –et dans les beaux quartiers ?

Les Cahuzac et consorts seront balayés lorsque la gauche aura enfin  non pas renoué mais construit une représentation politique du monde du travail.

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