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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 00:15

M. Prasquier, président du CRIF (pour combien de temps encore? Parce que, parait-il, ça commence à râler dans les chaumières) ne fait pas dans la dentelle. C'est plutôt l'éléphant dans un magasin de porcelaine. Dans Libération, monsieur le président commet une tribune (1) où, encore une fois, il s'en prend à Stéphane Hessel, une véritable obsession chez lui (2).

Richard Prasquier essaye de justifier l'interdiction du débat qui devait se tenir à l'ENS et où devaient intervenir Stéphane Hessel, Leïla Shahid, déléguée générale de la Palestine auprès de l'Union européenne (c'est à dire ambassadrice), la députée d'Israël Hanin Zoabi, membre du parti arabe Balad, Michel Warschawski, ancien président du Centre d'information alternative de Jérusalem, Benoit Hurel, secrétaire national du Syndicat de la magistrature. En se justifiant, Prasquier se prend les pieds dans le tapis. Il reproche, par exemple, à Stéphane Hessel de n'avoir "jamais trouvé motif à boycotter la Syrie de M. Assad, la Libye de M. Khadafi ou la Birmanie des généraux". M. Prasquier nous dit là qu'on peut bien boycotter qui on veut...pourvu que cela ne soit pas Israël. Curieuse conception du monde.

Richard Prasquier donne aussi des leçons de démocratie car il reproche au débat prévu de ne pas être un débat : "Quand à la liberté d'expression, écrit-il, qu'est-ce d'autre que la possibilité d'exprimer des opinions divergentes ?" Et bien non, la liberté d'expression ce n'est pas le savant dosage des pour et des contre; la liberté d'expression, c'est tout simplement avoir le droit de dire ce que l'on pense, de le faire savoir, soit par des journaux, soit par des rencontres. Par ce qu'on veut, en quelque sorte. On peut, par exemple, être tous d'accord et vouloir le dire. M. Prasquier a donc une vision restrictive de la liberté d'expression. Et le président du Crif de finir: "Je ne n'ai rien exigé, mais j'ai approuvé l'annulation de cette réunion de propagande prise par la direction de l'ENS." On peut aimer ou ne pas aimer la propagande... On peut considérer comme absurde que M. Prasquier considère que cette réunion était une réunion de propagande, mais, jusqu'à nouvel ordre, la propagande, comme il dit, n'est pas interdite en France.

M. Prasquier a donc une curieuse conception du monde, une vision réductrice de la liberté d'expression et une vision extensive de la censure. Surtout, il transforme le Crif en organisation politique et en groupe de pression.  Qu'il ait au moins le courrage de le dire.

 

      (1) Libération du vendredi 21 janvier 2011, pages Rebonds

      (2) Il ne se passe pas un jour sans que la newsletter du Crif n'attaque Stéphane Hessel...

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