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20 juin 2014 5 20 /06 /juin /2014 10:02

Manuel Valls, Premier ministre devant l’Eternel, nous en baille de belles. Voilà que notre ancien ministre de l’Intérieur (et monsieur 5% des primaires ouvertes socialistes à la présidentielle) se prend pour un chef syndical (tel que lui le conçoit évidemment) tançant les grévistes de la SNCF et les sommant de reprendre le travail. Avec cette belle formule, sortie tout droit dirait-on d’un manuel de formation de manager en déroute (1). « La grève, dit notre ancien conseiller en communication de Lionel Jospin, doit avoir un sens, ses motivations profondes doivent être comprises, ça n’est pas le cas, donc il faut que cette grève s’arrête ». Ainsi parle le maître de cérémonie.

« Nous avons abouti à un texte de loi qui refonde la SNCF, qui permet à la SNCF de préserver ses grandes missions de service public, (...) qui préserve le statut des cheminots », ajoute-t-il avec la même grâce qu’un éléphant dans un potager (et encore, les éléphants sont-ils utiles). Ce qu’oublie de dire Manuel Valls c’est que le texte qu’il nous proposait ne garantissait rien de tout cela. Que les avancées du projet de loi ne sont dues qu’à la ténacité des députés Front de gauche et à la mobilisation des cheminots. Sinon, rien n’aurait bougé. Le premier ministre affirme aussi que le texte avait été discuté en amont avec tous les syndicats. Cela veut dire quoi ? Je mouille tout le monde ? On peut discuter sans écouter et surtout sans reprendre les propositions syndicales. Valls indique aussi que la grève doit s’arrêter car les députés ont fini l’examen du projet. 1- a contrario cela justifie que les cheminots aient fait grève jusque là (et infirme totalement sa première déclaration martiale au début du conflit). 2- le texte n’a pas encore été voté, puisqu’il doit l’être mardi prochain. 3- Le Sénat doit encore l’étudier et cela ne se fera pas avant le 10 ou 11 juillet. Le Premier ministre aurait donc oublié que nous avons un système bicaméral ? 4- Bref, si on poursuit, et si on s’en tient au raisonnement de notre expert en luttes sociales, la grève devrait continuer… jusqu’à la fin de la discussion au Sénat (sans compter après la navette parlementaire,  etc.)

En résumé, le Premier ministre, comme le président de la République –et l’ensemble du gouvernement, Montebourg et Hamon compris- s’en prend toujours aux mêmes : aux salariés, à ceux qui luttent. Jamais un mot plus haut que l’autre vis-à-vis du patronat et des actionnaires. La « gauche » gouvernementale  est en train de mourir et elle souhaite entraîner tout le monde dans sa mort.

 

(1)  A propos : 120 jeunes dirigeants d’entreprise, complètement bourrés, ont mis le souk dans un train l’autre jour. Il a fallu l’intervention des forces de l’ordre. Les bouteilles ont été confisquées et le futur gratin du patronat a été autorisé à remonter dans le train. Aucun n’a été interpellé. Question à l’ex ministre de l’Intérieur : que ce serait-il passé si les jeunes (leur jeunesse est relative) en question avait été originaires des quartiers populaires ? La haine de classe, ça existe aussi.

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