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6 avril 2022 3 06 /04 /avril /2022 01:28

Voilà une fin de campagne, bien décevante et dangereuse. On somme les électeurs de gauche, en fait essentiellement ceux qui vont voter Roussel ou qui hésitent à le faire, d’oublier leur choix politique et d’émettre un vote dit utile pour le candidat de gauche que les sondages donnent en tête de la dite gauche. De fait, on est appelé à voter non pas pour les idées ou le programme de Jean-Luc Mélenchon, mais pour faire barrage à Le Pen : en clair pour se donner bonne conscience de ne pas voter Macron pour empêcher Le Pen. On peut discuter politiquement et stratégiquement de ce choix. Mais ce n’est pas le cas : les électeurs potentiels de Fabien Roussel deviennent ainsi des suppôts de l'extrême-droite et seraient tenus pour responsables de la présence de la dirigeante du rassemblement national au second tour. On nous refait le coup de Jospin en 2002 reprochant aux autres candidats de gauche de lui avoir fait perdre des voix sans qu’il se pose le moins du monde la question de sa propre responsabilité politique d’avoir fait une campagne de deuxième tour au premier tour et surtout de ne pas avoir tiré le bilan de ses cinq ans de gouvernement. Là, dans une situation différente, c’est rebelote : si Jean-Luc Mélenchon n’est pas au deuxième tour ce sera de la faute de ceux et celles qui n’auront pas voté pour lui… Drôle de position politique que de reporter sempiternellement la faute sur les autres.

Une pression dangereuse

Mais cette pression pour le vote utile est dangereuse : elle risque d’éloigner de nouveau de la politique des gens qui viennent au vote parce qu’avec la candidature Roussel ils trouvent une expression populaire, de classe, à leur colère. Si on insulte ces électeurs et ces électrices ils peuvent avoir la tentation de tout abandonner (je ne parle pas là des électeurs communistes traditionnels). Cette pression est d’autant plus dangereuse qu’en agitant la menace Le Pen, comme l’ont fait Mitterrand, les dirigeants du PS et Emmanuel Macron pendant des années on continue de mettre l’extrême-droite au centre du jeu politique : on ne se définit que par rapport à elle, on appelle à voter en fonction de la place qu’elle occupe dans les sondages. Et pendant ce temps là, on laisse les électeurs de Macron tranquilles. On n’essaye pas, eux, de les "culpabiliser" et, de toute façon, en ciblant le « vote utile » uniquement contre Le Pen, on laisse Macron gagner tranquillement.

Or, les sondages, qui sont loin de donner par avance le résultat, marquent une tendance. Le vote Fabien Roussel, comme le vote Yannick Jadot (les représentants des deux forces politiques qui n’étaient pas présentes en 2017) n’affaiblissent pas le vote potentiel pour Jean-Luc Mélenchon (si on additionne les intentions de votes pour Yannick Jadot et Anne Hidalgo on obtient le score de Benoît Hamon en 2017). Bref, l’électorat de Fabien Roussel apporte un plus à l’ensemble de la gauche. C’est donc un électorat utile.

Macron out, c'est possible

On peut battre Macron (je me suis fait insulté pour avoir écrit cela) en faisant tout pour qu’il ne soit pas présent au second tour.

  1. En incitant les abstentionnistes à voter. 30% des électeurs inscrits déclarent qu’ils s’abstiendront, contre 20% à la dernière présidentielle. Ces 10% d’inscrits s’ils reviennent au vote, ne donneront pas leur voix à Macron, ni d’ailleurs à Le Pen. Le pourcentage du président sortant baisserait automatiquement.
  2. En s’adressant aux électeurs de Macron, en leur démontrant que ce en quoi ils ont cru ne s’est pas produit. Macron avait fait miroiter qu’il était un homme neuf et qu’il allait changer la politique : il suffit de regarder les bios de ses ministres et de ses responsables politiques pour voir qu’anciens ministres et députés PS et de droite se partagent les postes ;  il disait vouloir moraliser la vie publique : il suffit de prononcer les noms de Benalla et de Mac Kinsey pour voir ce qu’il en est sans parler des ministres qui ont du démissionner parce qu’ils n’avaient pas les mains très propres ; il voulait contenir Le Pen, jamais l’extrême droite n’a été si forte ; il voulait unir le pays, la France n’a jamais été autant fracturée et je ne parle pas de sa gestion de la crise sanitaire et des guerres menées à l’extérieur par la France. Il se voulait et se veut le diplomate en chef de l’Europe et du monde : il tance les dirigeants libanais, se croyant encore aux temps où le Levant était protectorat français et le Liban ne s’est jamais porté aussi mal, il bavarde avec Poutine depuis 40 jours et les négociations se mènent en Turquie. Il promettait la stabilité politique : 3 ministres de l’Intérieur en 5 ans, 2 ministres de la santé en pleine crise sanitaire, 3 porte-paroles du gouvernement…  

Emmanuel Macron qui a accentué la politique antisociale et liberticide de Sarkozy et Hollande conduit la France dans le mur.

Il faut tout faire pour l’empêcher d’être au second tour : donc convaincre les abstentionnistes et l’électorat En Marche. Il est vrai que c’est un combat politique beaucoup plus difficile que de tancer les électeurs de gauche qui n’auraient rien compris au vote dit utile.

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13 mars 2020 5 13 /03 /mars /2020 23:25

 

 

Il ne reste plus que quelques heures avant le premier tour des élections municipales. Il survient dans une situation à la fois complexe et anxiogène provoquée par l’épidémie de coronavirus mais aussi par les presque trois ans de présidence Macron.

On ne reviendra pas sur les Gilets jaunes, sur la grande grève de la Sncf et sur le mouvement social contre la réforme des retraites, chacun les a en tête.

 

Dimanche, donc, on peut aider à se débarrasser de tous les affidés de ce pouvoir qui, certains venus de la droite, d’autre de la gauche et dans la continuité des quinquennats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, veulent ramener la France à l’âge de pierre sociale.

Il faut, partout, faire payer et faire partir celles et ceux qui nous ont conduits à cette situation. Ceux qui sous François Hollande ont permis l’adoption de la loi travail et engagé une énième réforme des retraites (celle de Marisol Touraine) qui a encore augmenté l’âge de départ à la retraite, ceux qui sous Emmanuel Macron parachèvent le travail avec justement les ordonnances et les reculs sociaux, comme la réforme des retraites que le pouvoir ne peut faire appliquer que par le recours au 49/3, mettant ainsi entre parenthèse la démocratie parlementaire.

 

Alors, oui il faut les battre et quelle que soit l’étiquette sous laquelle ils se camouflent. Quelle victoire ce serait si au Havre, le Premier ministre était battu par le député communiste Jean-Paul Lecoq ! On sait déjà qu’Édouard Philippe ne retrouvera pas le sore de 2014 où alors candidat de droite, il avait été élu au premier tour.

 

Partout où il y aura des municipalités représentant le monde du travail qui résiste qui seront élues, plus facile sera demain la mobilisation sociale. Car celle-ci est forte si elle s’appuie sur des élus qui mettent tout en œuvre pour la soutenir, la défendre, y compris par des moyens financiers et de solidarité.

 

A Sainte-Geneviève des Bois on est loin de ces choix là. La liste du maire sortant (mais qui n’est pas celui élu en 2014) s’appelle désormais « Faire ensemble Sainte Geneviève des Bois », comme si la ville n’existait pas avant que M. Petitta n’en prenne en main la destinée. Comme si cette ville ne s’était pas construite et forgée sur une véritable union des gauches et comme si la marque communiste, que l’on retrouve dans le nom de nombre des artères génovéfaines, n’avait pas peu contribué à la fois au développement de la ville et à ses ambitions culturelles. Que dit le maire sortant dans sa profession de foi : « agir au quotidien avec vous, pour vous, dans l’intérêt de Sainte Geneviève et des Génovéfains. » (Tiens, il n’y a donc pas de Génovéfaines…). Mais justement peut être est il temps d’en finir avec ces municipalités et ces élus qui nous parlent d’intérêt ? C’est quoi, l’intérêt des Génovéfains et des Génovéfaines ? D’avoir une municipalité qui contrairement à celles de Morsang-sur-Orge, d’Aubervilliers ou de Champigny sur Marne n’a pas eu un mot pour soutenir ce mouvement social majoritaire qui exige le retrait de la loi de destruction de la retraite par répartition ? Pas un mot officiel, sauf erreur de ma part, pour dénoncer les violences contre les manifestantes et les manifestants Gilets jaunes ou acteurs et actrices du plus long mouvement social de la Ve République.

 

Il nous faut, partout, des municipalités de combat au service du monde du travail. En ayant passé par perte et profits l’association qui se réclamait encore (bien que souvent timidement) de la gauche, Sainte Geneviève avant tout, la nouvelle liste Faire ensemble Sainte Geneviève des Bois accroit la rupture avec le passé démocratique, progressiste et populaire de notre ville. De fait, on e sait pas si cette liste se situe dans l’opposition au président Macron ou si elle est dans une logique d’accompagnement, comme l’a fait l’ancien ministre de l’intérieur et député maire d’Évry avant de partir se prendre une veste électorale du côté de Barcelone.

 

Nous avons besoin de clarté. Les deux autres listes de droite montrent bien ce qu’elles sont : l’une, s’appuyant notamment sur l’UDI de Jean-Christophe Lagarde se réclame d’En Marche avec, quand même, ce petit tour de passe-passe politicien où deux de ses candidats sont affublés de l’étiquette « sympathisant Europe Écologie Les Verts ». C’est une nouveauté en politique. Soit ils sont des candidats EELV, soit c’est une tromperie vis à vis de l’électorat (il faudrait d’ailleurs voir ce que dit le code électoral à ce propos). Quant à la liste d’Union des droites (baptisée par antiphrase « Tous ensemble »), elle a moins le mérite de ne pas cacher qui elle est (elle est la seule d’ailleurs des trois listes de sortants, a donné les engagements politiques de ceux qui ont en ont) mais elle nous ressort les vieilles ficelles de cette droite usée qui a gouverné le pays tant d’années et dont les Françaises et les Français ne voulaient pas en ayant écarté Sarkozy et Fillon du pouvoir.

 

Il ne reste donc à Sainte Geneviève qu’une seule liste qui représente le monde du travail, les salariés, les ouvriers, ceux qui ne baissent ni la tête ni les bras, c’est celle conduite par Monique Leclerc, de Lutte ouvrière.

J’aurai préféré pour ma part avoir une liste d’unité populaire rassemblant la gauche combative, du parti communiste, de Lutte ouvrière, du Npa, des Gilets jaunes, avec des militants associatifs et des syndicalistes. Cela n’a pas été possible.

Il n’en reste pas moins que pour dire clairement notre soutien au mouvement social et aux grévistes, au monde du travail il faut voter, comme on le dit souvent dans le monde ouvrier, le plus rouge possible.

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11 novembre 2019 1 11 /11 /novembre /2019 00:44

La manifestation de dimanchei contre l’islamophobie a été une réussite. Nous ne nous appesantirons pas sur les chiffres notamment de ce cabinet indépendant qui serait désormais le nec plus ultra de l’information (1). C’est un succès parce que plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de Paris, de Marseille, de Toulouse et Avignon et qu’il n’y a eu aucun incident.

Succès par le caractère de la manifestation parisienne, de l’attachement à la Nation et à la République montré par tous les manifestants. Aucun rejet, au contraire, de la laïcité, mais d’une laïcité bien comprise, celle de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État : liberté de conscience, droit de professer librement sa religion ou de n’en professer aucune.

C’était bien une manifestation du vivre ensemble pour reprendre cette expression bien des fois galvaudée.

Succès aussi par la présence de forces syndicales : la CGT avec notamment  son secrétaire général, Philippe Martinez, la FSU, Solidaires, la CNT, l’Unef; et des partis et associations politiques de gauche (PCF, NPA, LO, Ensemble, EELV, LFI, PCOF, Génération-s). Le PS, sans doute pas encore débarrassé de son passé colonial était absent, il risque d’ailleurs de le payer aux municipales.

La manière dont la plupart des chaînes d’info en continu ont rapporté la manif, mais surtout les débats entre « experts », -on les voit tous les jours, on se demande quand ils ont le temps d’expertiser-, frise bien des fois la désinformation.
Prenons l’exemple d’un invité sur BFM. Il s’agit d’Amine El Khatmi, conseiller municipal d’Avignon élu sous l’étique socialiste puis devenu macroniste, et qui, semble-t-il sera bientôt candidat sur la liste EELV, qui est depuis quelques temps le président du Printemps républicain. Cet homme politique affirme ainsi, confronté à Danièle Obono, députée LFI du 18e arrondissement de Paris, qu’il y avait des croix gammées dans la manif avant de reconnaître, suite à la surprise suscitée par ses propos, qu’il s’agissait en fait… d’étoiles jaunes…
Or, comme l’a fait remarquer sur une autre chaîne Esther Benbassa, sénatrice écologiste, cette étoile (sur des autocollants) n’était pas l’étoile juive (à six branches), mais l’étoile musulmane à 5 branches, accompagnée d’ailleurs du croissant de lune.

Mais le responsable du Printemps républicain n’en n’est pas resté là. N’arrêtant pas de couper la parole à Danièle Obono (qui a été très bien, faut-il le préciser) pour dire qu’elle avait manifesté avec des islamistes, il s’est lancé dans une diatribe contre « l’islam politique », matrice idéologique selon lui qui a armé le bras des assassins des attentats terroristes en France, citant nommément l’Hyper Cacher. Ce qu’il ne savait pas (laissons-lui le bénéfice du doute) c’est que Lassana Bathily, le héros de l’Hyper Cacher, qui a sauvé des vies pendant l’attaque terroriste, participait à la manifestation aux côtés de Ian Brossat, porte-parole du PCF et Meriem Derkaoui, maire (PCF) d’Aubervilliers.
En se prêtant à cet amalgame Amine El Khatmi traite tous les participants à la manifestation de terroristes, même s’il a pris soin de séparer les manifestants lambda (quel mépris) des organisateurs et des politiques.

Diatribe aussi du même, on l’a dit, contre l’islam politique dont on aimerait savoir ce qu’il recouvre. Dans le sens initial faire de la politique c’est participer à la vie de la cité. On devrait plutôt se féliciter d’un intérêt pour la chose publique. Je ne pense pas -mais peut-être est-ce que je me trompe- qu’Amine El Khatmi ait un jour dit quoi que ce soit sur le parti démocrate-chrétien de Christine Boutin, se soit indigné que la CFTC soit un syndicat représentatif et étant un ancien militants du PS ait trouvé à redire d’avoir côtoyé des militants de l’ACO ou de la JOC…
Personne en Italie ou en Allemagne n’a demandé l’interdiction des partis démocrate-chrétiens ou les a vilipendé parce qu’ils s’inspiraient d’une doctrine chrétienne, ce qui n’empêche nullement de se confronter à eux politiquement.

Dernière chose qui montre le côté insidieux des propos de M. El-Khatmi : il reproche aux manifestants d’avoir sifflé le nom de l’écrivaine Zineb. Rappelons-lui que la journaliste a dit il y a quelques jours sur un plateau de télévision qu’il fallait tirer à balles réelles les soirs d’émeutes dans les quartiers populaires, en cas de guet-apens. Des propos si outranciers que la LDH a décidé de saisir le CSA et le procureur de la République (https://www.ldh-france.org/le-csa-et-le-procureur-de-la-republique-saisis-sur-les-propos-de-zineb-el-rhazoui-sur-cnews). On ne peut pas tolérer également que la journaliste ait reçu des menaces notamment de mort qui doivent être condamnées avec force.

Sur LCI le présentateur dit sans sourciller que figurent parmi les organisateurs des gens peu fréquentables. Que des participants au débat le disent cela fait partie de la confrontation publique. Que ce soit le journaliste présentateur c’est donner déjà une orientation au débat qui va suivre.

Au lieu de se féliciter qu’enfin les gens, musulmans et non musulmans, descendent dans la rue pour dire que les attaques et les dénigrements contre les musulmans ça suffit, les chaînes d’info continuent le dénigrement après la manif.

 

(1) Il y a quelque chose de déroutant de voir des moyens d’information confier leur source d’information sur la participation aux manifestation à un seul cabinet qui donne donc désormais l’information officielle à tous ses médias.

 

 

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17 janvier 2018 3 17 /01 /janvier /2018 22:59

Le gouvernement Macron-Philippe a mis fin aux tergiversations à propos de l’aéroport de Notre Dame des Landes.

Le président fait le contraire de ce qu’il avait préalablement annoncé. Et pour une fois, c’est tant mieux. La droite, toutes tendances confondues, et les notables du PS (qu’ils soient encore membres du parti qui dirigea la France pendant vingt ans ces trente-sept dernières années –point de départ l’élection de François Mitterrand en 1981-, ou qu’ils soient aux manettes au gouvernement où au sein de la république en marche) s’étranglent, nous rebattant les oreilles de démocratie, sens de l’Etat, etc.

L’abandon de l’aéroport est une bonne nouvelle. De toutes les manières, le tandem Macron-Philippe ne pouvait plus faire autrement. Cette bombe à retardement de l’ère Jospin (dont on n’a pas encore tiré toutes les leçons des reculs que ces années-là infligèrent à la gauche et qui furent amplifiés par le trio Hollande-Ayrault-Valls) qui empoisonne la vie publique et politique depuis plusieurs décennies était devenue ingérable (1).

Je mets de côté les arguments techniques, productivistes, technologiques ou écologiques des uns et des autres, ce n’était plus d’actualité. Plus aucune condition n’était réunie pour mener à bien ce projet tant il fut mal ficelé et mal mené.

Qu’on ne nous mette pas sur le même plan le non-respect du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen et le referendum rabougri de 2016 qui ne concernait que la Loire-Atlantique pour un projet, nous disait-on, d’intérêt national.

En tout cas, ce recul en rase campagne du président montre (que l’on partage ou non les orientations des zadistes) qu’une mobilisation massive, opiniâtre, peut obliger un gouvernement à céder.

 

Désormais, c’est au contenu de la politique économique et sociale qu’il faut s’attaquer.

Ce qu’ont obtenu les dockers et les routiers, à savoir des dérogations quant à l’application de la loi travail et des ordonnances Macron dans leurs champs d’activités respectifs peut être obtenu dans d’autres secteurs.

Ce sont des Zad de défense sociale qu’il faut créer avec les syndicats et les salarié-e-s qui se battent déjà dans les entreprises pour non seulement refuser les reculs sociaux mais pour conquérir de nouveaux droits.

 

(1) La mobilisation contre le projet d’aéroport a commencé bien avant la bataille du Larzac. Le projet d’aéroport date de 1963 et c’est en 1968 –il y a cinquante ans- que le site de Notre Dame des Landes est désigné comme préférentiel. La zad (dans son appellation officielle de zone d’aménagement différée) date de 1974 et l’association de défense des exploitants (agriculteurs) date de 1972…. C’est Lionel Jospin qui a remis la machine infernale en route en 2000 (comme c’est lui d’ailleurs qui avait eu l’idée d’inverser le calendrier électoral et de renforcer la présidentialisation du régime comme jamais).

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30 avril 2017 7 30 /04 /avril /2017 23:55

Si par malheur Marine Le Pen était élue au second tour de la présidentielle, le 7 mai prochain, le premier –mais pas le seul- responsable en sera Emmanuel Macron. Pas seulement parce qu’il est le continuateur du quinquennat de François Hollande et qu’à titre collectif et personnel il a participé au détricotage du code du travail, par les lois dites Macron et par la loi travail de El Khomry-Valls (El Khomry, est toujours semble-t-il, candidate du parti socialiste aux législatives), et qu’il est co-responsable de la montée du chômage et des guerres menées à l’étranger. Pas seulement parce qu’il fait partie de cette caste de privilégiés et qu’il trouve normal d’avoir gagné trois millions d’euros en moins de deux ans comme banquier d’affaires chez Rothschild. Mais aussi parce que toute sa campagne de l’entre deux tours est marquée par la suffisance et l’insuffisance et qu’il a l’air de tout faire pour empêcher que l’on vote pour lui. Avec arrogance, il affirme qu’il ne change rien à son programme et que voter pour lui signifie donc la mise en place d’ordonnances dès cet été pour achever la casse du code du travail, libéraliser encore plus l’économie, toucher aux retraites etc.

Si Emmanuel Macron avait un tant soit peu de compétence ou de sens politique, au lieu de nous avoir infligé un show à l’américaine (à la limite de l’écoeurement) le soir du premier tour comme s’il était déjà élu, et donc par la même de minimiser la signification de la présence au deuxième tour de la candidate de l’extrême-droite, il aurait appelé au rassemblement en disant qu’il mettait pour le moment son programme sous le boisseau et que, pour les questions qui divisent et fracturent la France, il s’en remettrait à l’Assemblée nationale élue. Et à la nouvelle majorité qui sortira des urnes. Il ne l’a pas fait montrant par là qu’il n’était pas un homme d’État, mais simplement un jouet consentant entre les mains de ses conseillers.

N’est-il pas paradoxal pour ce candidat se présentant comme voulant bousculer les partis établis que, pratiquement tous ceux qui se sont étalés en son nom dans les médias au lendemain du premier tour soient des élus de longue date, socialistes, LR ou Modem ? Et pas des plus jeunes. Des sexagénaires, voire des septuagénaires. Ce sont eux, à l’instar de Gérard Collomb, qui tiennent les manettes de la machine En Marche.

Le principal danger, le danger immédiat, est pourtant le Front national.  Et le 7 mai c’est Marine Le Pen qu’il faut battre,  malgré la mauvaise volonté d’Emmanuel Macron à le faire. Et être dans la rue dès le 8 pour signifier à Macron, s’il est élu, qu’il faudra qu’il fasse avec le mouvement social.

 

Passons sur l’épisode affligeant de sa visite chez les Whirlpool. On pourrait chaque jour relever les inepties de sa campagne. Le 30 avril-aujourd’hui donc- est la journée du souvenir des victimes de la déportation (qui a lieu chaque dernier dimanche d’avril). Emmanuel Macron s’est rendu au Mémorial de la Shoah et au Mémorial des martyrs de la déportation. Au Mémorial de la Shoah il a notamment déclaré rendre hommage : « à toutes ces vies fauchées par les extrêmes ». Qui sont les « extrêmes » dont parle Macron ? Est-il si difficile pour lui de nommer les choses et de dire que le génocide a été conçu et conduit par les fascistes allemands, les nazis ? Pourquoi camoufler les auteurs du crime sous le vocable « les extrêmes » ? Qui veut-il ainsi mettre en cause ?

A ma connaissance Emmanuel Macron n’a pas eu un mot ce jour sur le génocide des Rroms. Un de ses conseillers septuagénaires pourrait-il lui apprendre l’Histoire ?

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22 février 2017 3 22 /02 /février /2017 18:35

Il y a en ce moment quelque chose de particulièrement dérangeant. Toute la presse s'y met, d'un seul coup, comme d'habitude. Tout le monde recherche les moyens d'unir la gauche, c'est-à-dire dans les faits, parce qu'il ne faut pas jouer sur les mots, à se rassembler derrière le PS. La situation serait devenue terrible. Pour certains, on prend même le signe 1maispas3, comme si d'un seul coup Jadot, Hamon et Mélenchon c'était la même chose. Déjà, mettre Jadot sur le même plan que les deux autres c'est assez risible quand on voit l'état dans lequel la participation gouvernementale a laissé EELV.

A force de dire et de répéter que le seul danger c'est la droite et l'extrême-droite, et qu'il faut donc a contrario unir la gauche, on en vient à oublier que c'est le parti socialiste (et les radicaux de gauche) qui gouvernent et que EELV comme Hamon d'ailleurs ont aussi participé à ce quinquennat. Ce dernier n'a pas été mauvais qu'après le départ de Hamon et de Montebourg, il l'était déjà avant.

Remettre en selle le PS sans un accord politique de fond c'est cela qui favorisera le FN et la droite, même si celle-ci cherche une porte de sortie vers Macron puisque Bayrou, prenant sans doute exemple sur Hollande fuit encore le combat politique en laissant, de fait, le champ libre à Fillon (1).

Certains de mes amis disent qu'à une situation exceptionnelle il faut des mesures exceptionnelles. Sauf que le ralliement au candidat PS, n'est pas une mesure exceptionnelle. C'est en jouant sur la peur que le PS prétend incarner la gauche et obtenir le ralliement des uns et des autres et oublier ses dix-neuf années de gestion du gouvernement depuis 1981.

Benoît Hamon a un moyen simple et clair pour dégager la situation et que l'on voit s'il est en capacité d'incarner un changement et d'être un présidentiable crédible : il peut appeler à l'abrogation de la loi travail maintenant. Son parti, le PS, est majoritaire à l'Assemblée. Une convocation extraordinaire du Parlement et le tour est joué. Les pontes du PS ne le voudront certainement pas, mais si Hamon osait faire cette proposition il montrerait que, comme Corbyn (2) au Royaume-Uni il est capable de s'opposer à la masse des députés de son propre parti et qui sont contre lui. Pour cela, il faut s'appuyer sur le mouvement populaire. Gageons que Benoît Hamon n'osera pas. Et si je me trompe, tant mieux.

 

  1. A propos de ceux qui dénaturent le sens même de la politique et de l'engagement, la palme revient à De Rugy qui avait pourtant signé une déclaration d'intention pour sa participation à la primaire socialiste l'engageant à faire voter pour le gagnant. L'élection passée, le perdant se torche avec ses engagements. Cela promet si on le retrouve un jour ministre. C'est ce type de comportement qui renforce le dégoût de la politique, l'abstention ou le vote pour les néo-fascistes. Puisse ses électeurs dans sa circonscription le renvoyer dans les oubliettes de l'histoire.
  2. La grande différence entre le Labour Party et le PS français, c'est que le premier compte une base syndicale et ouvrière importante et que nombre de responsables (et même de députés) travaillistes sont issus du syndicalisme et du monde  du travail. Ce qui n'est plus le cas du PS depuis des décennies.

 

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19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 23:34

Pour tenter de ramener Jean-Luc Mélenchon dans les filets de Benoît Hamon le député frondeur Pascal Cherki déclare au Monde « Mitterrand et Marchais ont réussi en leur temps à s’unir dans l’intérêt de la gauche. Hamon et Mélenchon devraient pouvoir le faire aussi. (1) » D’abord il est réducteur de dire « dans l’intérêt de la gauche ».   Il s’agissait –et il s’agit toujours d’ailleurs- de l’intérêt de la France et particulièrement du monde salarié.
De toute façon la situation politique et historique n’est pas la même. En 1965, date de la première élection présidentielle au suffrage universel, le sortant était le général De Gaulle, donc la droite. L’accord entre les communistes, la CIR de François Mitterrand et le parti socialiste SFIO ne s’est pas fait deux mois avant l’élection. En 1974 où Mitterrand était encore une fois le candidat de la gauche socialiste et communiste, c’était toujours la droite qui était au pouvoir. Et dans les deux cas, de toute façon, François Mitterrand n’a pas été élu (petit rappel : la signature du programme commun en 1972 doit beaucoup à l’effondrement du PS à la présidentielle de 1969 où Defferre, en binôme avec Mendès France, n’obtint que 5% des voix). En 1981 par contre, Georges Marchais et François Mitterrand se sont présentés séparément (ce qui est quand même mieux pour la clarté en politique) et les 15% du candidat communiste ont été déterminants dans la victoire de Mitterrand. Résumons : à chaque fois qu’un candidat socialiste (Mitterrand puis Hollande) a été élu à la présidence de la République il y avait pluralité de candidatures à gauche. L’exemple de Pascal Cherki est donc mal choisi.

(1)    Le Monde daté du 19 et 20 février 2017.

 

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18 février 2017 6 18 /02 /février /2017 22:21

Le Monde dans son éditorial du samedi 18 février affirme que, même fragile, l’inversion de la courbe du chômage est là. Ce qui vaut cette entrée en matière : « Il est des jours où François Hollande doit regretter amèrement de ne pas s’être représenté. » Non, François Hollande ne regrette sans doute rien (à moins qu’il nous fasse encore le coup du sauveur suprême, mais cela serait acheter la corde pour se faire pendre). François Hollande a tout simplement fui le débat et le combat politiques. La situation inédite que nous vivons n’est pas due au fait que c’est la première fois qu’un président élu ne se représente pas (*), mais au fait qu’il y a un effacement total du quinquennat que nous vivons. Aucun des candidats en lice ne veut en porter le bilan. Déjà Valls, heureusement renvoyé sur ses terres, annonçait qu’il n’était responsable de rien et qu’on lui avait imposé, à lui, pauvre diable, le 49/3 et que sais-je encore. Donc voilà une élection présidentielle où l’on fait comme si rien ne s’était passé.

Les dirigeants socialistes, même les plus « hollandais », qui ont soutenu jusqu’au bout le gouvernement même dans ses dérives les plus détestables, affirment qu’il faut regarder devant et pas derrière et que c’était le président qui fixait le cap et que finalement, eux-mêmes, n’étaient responsables de rien…

Le recul de François Hollande devant l'obstacle

Hollande en reculant devant l’obstacle d’une "primaire", pourtant montée de toutes pièces pour lui, a tout simplement permis cet escamotage extraordinaire de la politique. Nous voici avec une élection où aucun des candidats n’ose dire qu’il représente le gouvernement sortant. Voilà pourquoi il aurait été beau pour la salubrité publique que François Hollande soit battu, et à plate couture, par le peuple.

Une situation extravagante

Nous voici donc dans une situation extravagante. Le candidat, dont on nous rebattait les oreilles à droite pour nous dire qu’il sera le prochain président de la République, Alain Juppé, a mordu la poussière après avoir réussi à éliminer tout de même Nicolas Sarkozy. Tout cela pour nous sortir un candidat-hobereau, maître dans l’art du mensonge et de la dissimulation. Un politicien si courageux, lui aussi, qu’en 2012 François Fillon ne se présenta pas à sa réélection à Sablé, car il savait qu’il serait battu, et alla quémander une circonscription sûre dans le VIIe arrondissement de Paris. Aussi courageux que François Hollande ! Fillon est bien le candidat de la supercherie et de la droite versaillaise (au sens de ceux qui sont dans la filiation des massacreurs de la Commune de Paris).

La baudruche Macron

Emmanuel Macron, le candidat propulsé par Hollande pour savonner la planche de Manuel Valls (ces gens-là ne vivent que par règlements de comptes interposés), qui se croit nimbé d’une auréole de grâce, commence sérieusement à agacer et à se planter lui-même. Un jour il ne trouve que des mérites à la colonisation, puis il la dénonce pour se repentir aussitôt d’avoir péché devant les nostalgiques de l’Algérie française. Un Emmanuel Macron dont les proches se sont mis à démentir des informations russes le concernant, alors que les dit médias russes ou russophiles n’avaient encore rien écrit ni publié, sauf d’annoncer que Wikileaks allait "sortir" des révélations sur Macron tirées des mails d’Hillary Clinton. Bobards ou pas, on s’en moque un peu. Mais la réaction des Enmarchistes est étrange. De quoi donc Emmanuel Macron a-t-il peur ? De son travail chez Rothschild ? De ce qu’il fit ou ne fit pas comme secrétaire général de l’Élysée ? Aurait-il menti sur quelque chose ? Peu nous chaut. Ce qui nous importe c’est la ligne politique d’Emmanuel Macron et elle n’est pas fondamentalement différente de celle suivie dans l’actuel quinquennat, à ceci près que le pape d’En Marche, tout en affirmant défendre les LGBT, trouve que l’on a humilié les partisans de la Manif pour tous. N’oublions pas tout de même que c’est cette droite-là, homophobe et franchouillarde, qui se retrouve comme un seul homme et une seule femme derrière Fillon. Macron essaie de caresser tous les électorats. Or, nous avons besoin de clarté, pas de flou. Par la fuite de François Hollande, Emmanuel Macron se trouve être le seul candidat (s’il va jusqu’au bout) comptable, par le rôle qu’il y a joué, du quinquennat qui s’achève, comme aussi tous les candidats socialistes aux législatives qui soutinrent les lois antisociales de Manuel Valls. Toutes ces raisons font que la baudruche Macron va sans doute se dégonfler dans les semaines qui viennent.

Étrange fin de quinquennat donc, où les socialistes font désormais comme s’ils étaient l’opposition, parlant sempiternellement du danger de la droite et de l’extrême-droite comme s’ils n’étaient pas au pouvoir en ce moment. L’oubli, en quelque sorte. Le quinquennat gommé.

L'extrême-droite xénophobe et antisociale

Nous voilà donc, pauvre France, avec la candidate de l’extrême-droite, coqueluche des médias, qui pèserait, selon les sondages, plus de 25% des voix. Le fait qu’un électeur sur quatre (et près de la moitié des ouvriers qui votent) choisissent la candidate xénophobe, antisociale et de la haine en dit long de la crise politique que nous vivons et de l’incapacité pour le moment des forces progressistes, qui ont longtemps représenté le mouvement ouvrier (le courant révolutionnaire et le courant réformiste) à être une alternative crédible pour s’opposer à l’extrême-droite, à la droite et au "social-libéralisme".

Dépasser le cadre de la France Insoumise

Pour le moment, la candidature de Jean-Luc Mélenchon ne rassemble pas plus qu’en 2012. Tout n’est pas encore perdu. Les militants et responsables de la France insoumise auraient intérêt, car le temps presse, à prôner un rassemblement politique de toutes les forces qui appellent à voter pour leur candidat. Il est temps pour eux, et pour nous tous, de dépasser le cadre de France insoumise pour recréer les conditions politiques d’une dynamique.

 

 

(*) Rappelons toutefois que Charles De Gaulle avait quitté ses fonctions au cours de son mandat (le premier où il fut élu au suffrage universel).

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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 17:22

Nous vivons dans un monde dangereux et le pire peut encore arriver dans notre pays, en France. Dans le même temps des perspectives de changements et de progrès existent. Ne nous laissons pas enfermer dans de faux débats.

Oui, chacun est à même de le mesurer, il y a un risque que le Front national et Marine Le Pen accèdent à la présidence de la République. Mais regardons ce qui bouge profondément et qui montre la coupure extrême entre le monde politico-médiatique et la réalité de la vie de dizaines de millions de personnes.

La loi Travail Valls-El Khomry a mobilisé contre elle la majorité des Français et plus encore la très grande majorité des salariés. Elle a permis une unité syndicale, par le biais de l’intersyndicale et par des actions unitaires qui continuent de multiples manières. (Notamment le meeting commun tenu récemment à Paris (1) et la plainte devant l’OIT déposée conjointement par la CGT et FO). C’est pour faire passer cette loi à tout prix que l’exécutif s’est enfermé dans l’autoritarisme avec, entre autres, l’utilisation du 49/3 et l’usage disproportionné des forces de l’ordre, sans parler de la criminalisation de l’action syndicale, politique ou associative.

Bien sûr, la loi Travail n’a pu être remisée dans les oubliettes, bien que la mobilisation populaire n’ait jamais cessée. Les tentatives d’interdire les manifestations et l’utilisation contre le mouvement social de l’état d’urgence ont joué leur rôle. Mais aussi, et surtout, le manque de volonté des députés « frondeurs » d’aller jusqu’au bout de leur logique et de voter la censure. La proximité du dépôt de la proposition de loi avec la présidentielle n’y est pas pour rien non plus. Chez certains reste tenace l’idée qu’il faut attendre l’élection et que c’est l’élection d’un bon candidat qui permettra de mettre en cause cette loi.

Or, mobilisation sociale et changement politique doivent aller de pair.

Les promoteurs de la loi Travail, des lois Macron, de la remise en cause du Code du travail, les organisateurs de la casse de l’emploi et des secteurs industriels, les partisans de la criminalisation de la vie sociale ont perdu les batailles récentes.

Qu’on ne boude pas notre plaisir : Hollande forcé de ne pas retourner devant les électeurs (ce qui permet, mais pour une part seulement, de redonner une virginité politique au parti socialiste), Sarkozy battu, Valls battu et qui trahit, une fois de plus, ses propres engagements en refusant de fait de soutenir Benoît Hamon. Tout cela confirme ce que disaient les syndicats opposés à la loi travail et aussi les communistes : ce gouvernement est, et a toujours été, minoritaire et il a conduit le pays au bord de la catastrophe.

C’est ce rejet massif des Hollande-Valls-Sarkozy qui est éminemment positif.

Il faut encore cependant construire l’alternative. A ceux qui, à gauche, s’excitent contre Benoît Hamon (certains ne le perçoivent que comme un leurre pour torpiller la candidature Mélenchon), rappelons que nous avons été satisfaits de la victoire de Jeremy Corbyn au Royaume-Uni, victoire contre l’appareil et les notables du Labour party. Et que Hamon a battu Valls parce que plus d’un million de personnes ont voté pour lui lors de la primaire socialiste. Cela étant, Benoît Hamon devrait avoir conscience qu’il est l’élu d’une primaire qui en soi a été un échec et qu’il est porteur du projet du parti socialiste, tant que lui-même ne le désavouera pas. C’est pour cela que parler de candidature unique Hamon-Mélenchon-Jadot est purement formel et entraîne la confusion.  Redisons-le : ce n’est pas la pluralité de candidatures à gauche qui menace la gauche. Hollande a été élu en 2012 alors que les candidats de la gauche non socialiste réalisaient 16% au premier tour et que Le Pen obtenait le meilleur score d’un candidat FN à la présidentielle –plus de 17%. Mitterrand a été élu et réélu en 1981 et en 1988 avec une pluralité de candidatures à gauche, notamment communistes. Lionel Jospin en 1995 et Ségolène Royal en 2007 (avec un FN affaibli à 10% mais avec Bayrou à 18%) sont parvenus au deuxième tour, avec là aussi une pluralité de candidatures à gauche. Ce n’est donc pas la pluralité des candidatures à gauche qui est dangereuse, c’est la politique du parti socialiste qui affaiblit toute la gauche. Le moyen de surmonter cela est bien de donner le maximum de voix et de soutiens à la gauche non socialiste.

Il y a aujourd’hui un candidat qui représente la gauche de changement en rupture avec la politique suivie par les dirigeants socialistes ces dernières décennies, c’est celui dont la candidature a été initiée par France insoumise et soutenue par le PCF,  Jean-Luc Mélenchon. On peut regretter, comme moi, que les communistes n’aient pas fait le choix d’un candidat issu de leurs rangs, mais maintenant que le choix est fait ne tergiversons plus et n’essayons pas de noyer le poisson en mettant sur le même plan les candidatures de Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et de Benoît Hamon.

C’est aujourd’hui le PS qui est empêtré dans ses contradictions. Il est en effet difficile pour les députés sortants d’être candidats aux législatives en reconnaissant que Benoît Hamon est le candidat du PS alors qu’ils ont voté les lois les plus hostiles au monde du travail et engagé le pays dans la guerre dans des opérations extérieures dont on voit mal comment elles peuvent éradiquer le terrorisme. Se pose donc la question de la nouvelle majorité politique à construire, car que ce soit Mélenchon ou Hamon qui l’emporte il faudra bien s’appuyer sur une majorité politique à l’Assemblée et donc que les électrices et électeurs fassent élire un maximum de candidats se réclamant de cette gauche non socialiste. Et les candidats socialistes sortant devront définir clairement leur accord avec ce pacte politique commun, s'il existe, s’ils veulent avoir une chance de retourner dans l’Hémicycle.

Naturellement oui au débat avec toutes les forces qui ne se reconnaissent pas dans le quinquennat Hollande-Ayrault-Valls-Cazeneuve, mais dans la clarté sur les objectifs.

 

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29 janvier 2017 7 29 /01 /janvier /2017 23:01

Benoît Hamon a donc remporté largement la primaire des socialistes. Selon les chiffres officiels de la « Haute autorité » (ne rigolez pas) de la primaire les socialistes auraient rassemblé deux millions d’électeurs. Deux fois moins que la droite. Ils n’ont pas de quoi pavoiser.

La victoire de Benoît Hamon est du même registre que celle de François Fillon à droite : virer Sarkozy d’un côté, virer Valls de l’autre puisque l’actuel président de la République a préféré se défiler plutôt que d’affronter la colère de l’électorat. Quelle piètre image d’un petit monde recroquevillé sur lui-même et ses privilèges. La victoire de Hamon est cependant bonne à prendre, car elle montre l’ampleur du rejet de la politique menée ces cinq dernières années et qui s’inscrivait d’ailleurs dans la suite du quinquennat Sarkozy.

Je dois dire que je pensais que le contrôle de l’appareil du PS serait plus fort et ferait gagner Valls. Mais c’était sans compter les règlements de compte intérieurs au PS. Si Macron a pu démissionner et se présenter, c’est qu’il savait certainement que François Hollande renoncerait (ou mieux même qu’il se mettait en place avec la bénédiction du président de la République au cas où Hollande ne se présenterait pas ). Le renoncement de Hollande, avec un Macron bénéficiant de toute l’attention des médias, permettait de savonner la planche de Valls (qui a bien mérité cette nouvelle claque) et d’ouvrir une perspective politique d’alliance au centre. Cependant Macron ferait bien de se méfier… En 1969, le système médiatique de l’époque (c’était L’Express qui avait mené la danse) avait suscité un mystérieux Monsieur X qui devait emporter largement la présidentielle, en unissant la social-démocratie et le centre. Ce Monsieur X, c’était le « ticket » (c’est ainsi qu’il se présentait) Defferre/Mendès-France. De vainqueur putatif de la présidentielle, ce duo s’était retrouvé à 5% loin derrière le candidat communiste, Jacques Duclos, à près de 22%.

On sait bien que l’Histoire ne se répète pas, qu’elle bégaie. Mais un dévissage rapide de Macron n’est pas à exclure, tant il représente la déliquescence et l’autoritarisme de ce quinquennat. (Et être soutenu par Alain Minc, c’est déjà aller vers l’échec…)

La victoire de Hamon donne en tout cas raison à tous ceux qui se battent depuis le début contre ce quinquennat calamiteux. Il y a donc une majorité au sein de l’ensemble de l’électorat de gauche pour rejeter la direction du Parti socialiste. Hamon devra aussi en tirer tous les enseignements.

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