Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 avril 2022 3 06 /04 /avril /2022 01:28

Voilà une fin de campagne, bien décevante et dangereuse. On somme les électeurs de gauche, en fait essentiellement ceux qui vont voter Roussel ou qui hésitent à le faire, d’oublier leur choix politique et d’émettre un vote dit utile pour le candidat de gauche que les sondages donnent en tête de la dite gauche. De fait, on est appelé à voter non pas pour les idées ou le programme de Jean-Luc Mélenchon, mais pour faire barrage à Le Pen : en clair pour se donner bonne conscience de ne pas voter Macron pour empêcher Le Pen. On peut discuter politiquement et stratégiquement de ce choix. Mais ce n’est pas le cas : les électeurs potentiels de Fabien Roussel deviennent ainsi des suppôts de l'extrême-droite et seraient tenus pour responsables de la présence de la dirigeante du rassemblement national au second tour. On nous refait le coup de Jospin en 2002 reprochant aux autres candidats de gauche de lui avoir fait perdre des voix sans qu’il se pose le moins du monde la question de sa propre responsabilité politique d’avoir fait une campagne de deuxième tour au premier tour et surtout de ne pas avoir tiré le bilan de ses cinq ans de gouvernement. Là, dans une situation différente, c’est rebelote : si Jean-Luc Mélenchon n’est pas au deuxième tour ce sera de la faute de ceux et celles qui n’auront pas voté pour lui… Drôle de position politique que de reporter sempiternellement la faute sur les autres.

Une pression dangereuse

Mais cette pression pour le vote utile est dangereuse : elle risque d’éloigner de nouveau de la politique des gens qui viennent au vote parce qu’avec la candidature Roussel ils trouvent une expression populaire, de classe, à leur colère. Si on insulte ces électeurs et ces électrices ils peuvent avoir la tentation de tout abandonner (je ne parle pas là des électeurs communistes traditionnels). Cette pression est d’autant plus dangereuse qu’en agitant la menace Le Pen, comme l’ont fait Mitterrand, les dirigeants du PS et Emmanuel Macron pendant des années on continue de mettre l’extrême-droite au centre du jeu politique : on ne se définit que par rapport à elle, on appelle à voter en fonction de la place qu’elle occupe dans les sondages. Et pendant ce temps là, on laisse les électeurs de Macron tranquilles. On n’essaye pas, eux, de les "culpabiliser" et, de toute façon, en ciblant le « vote utile » uniquement contre Le Pen, on laisse Macron gagner tranquillement.

Or, les sondages, qui sont loin de donner par avance le résultat, marquent une tendance. Le vote Fabien Roussel, comme le vote Yannick Jadot (les représentants des deux forces politiques qui n’étaient pas présentes en 2017) n’affaiblissent pas le vote potentiel pour Jean-Luc Mélenchon (si on additionne les intentions de votes pour Yannick Jadot et Anne Hidalgo on obtient le score de Benoît Hamon en 2017). Bref, l’électorat de Fabien Roussel apporte un plus à l’ensemble de la gauche. C’est donc un électorat utile.

Macron out, c'est possible

On peut battre Macron (je me suis fait insulté pour avoir écrit cela) en faisant tout pour qu’il ne soit pas présent au second tour.

  1. En incitant les abstentionnistes à voter. 30% des électeurs inscrits déclarent qu’ils s’abstiendront, contre 20% à la dernière présidentielle. Ces 10% d’inscrits s’ils reviennent au vote, ne donneront pas leur voix à Macron, ni d’ailleurs à Le Pen. Le pourcentage du président sortant baisserait automatiquement.
  2. En s’adressant aux électeurs de Macron, en leur démontrant que ce en quoi ils ont cru ne s’est pas produit. Macron avait fait miroiter qu’il était un homme neuf et qu’il allait changer la politique : il suffit de regarder les bios de ses ministres et de ses responsables politiques pour voir qu’anciens ministres et députés PS et de droite se partagent les postes ;  il disait vouloir moraliser la vie publique : il suffit de prononcer les noms de Benalla et de Mac Kinsey pour voir ce qu’il en est sans parler des ministres qui ont du démissionner parce qu’ils n’avaient pas les mains très propres ; il voulait contenir Le Pen, jamais l’extrême droite n’a été si forte ; il voulait unir le pays, la France n’a jamais été autant fracturée et je ne parle pas de sa gestion de la crise sanitaire et des guerres menées à l’extérieur par la France. Il se voulait et se veut le diplomate en chef de l’Europe et du monde : il tance les dirigeants libanais, se croyant encore aux temps où le Levant était protectorat français et le Liban ne s’est jamais porté aussi mal, il bavarde avec Poutine depuis 40 jours et les négociations se mènent en Turquie. Il promettait la stabilité politique : 3 ministres de l’Intérieur en 5 ans, 2 ministres de la santé en pleine crise sanitaire, 3 porte-paroles du gouvernement…  

Emmanuel Macron qui a accentué la politique antisociale et liberticide de Sarkozy et Hollande conduit la France dans le mur.

Il faut tout faire pour l’empêcher d’être au second tour : donc convaincre les abstentionnistes et l’électorat En Marche. Il est vrai que c’est un combat politique beaucoup plus difficile que de tancer les électeurs de gauche qui n’auraient rien compris au vote dit utile.

Partager cet article
Repost0

commentaires