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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 23:08

Ben Laden est mort, tué par les forces spéciales américaines, les Navy Seals (acronyme de Sea, Air, Land - mer, air, terre). Nous ne pleurerons pas Ben Laden, responsable de milliers de victimes aux Etats-Unis et dans le reste du monde, mais contrairement à ce qu'affirme le ministre Pierre Lellouche nous avons parfaitement le droit, et même de devoir, de poser quelques questions.

Ben Laden mort, on aurait préféré un procès où l'ancien milliardaire saoudo-yéménite aurait peut-être donné quelques explications sur les liens qu'il avait entretenu avec la CIA au moment du djihad contre l'armée soviétique en Afghanistan et contre le gouvernment afghan de l'époque. Qui étaient ses officiers traitants par exemple, qui  le fournissait en armes et comment, qui le renseignait, qui entraînait ses combattants ou comment lui même les finançait... voir  link

Il aurait pu aussi donner des explications sur les conditions et les circonstances qui ont conduit au 11 septembre de sinistre mémoire.

Les Américains disent aujourd'hui qu'ils avaient l'information sur la localisation d'Oussama ben Laden depuis huit mois. On comprend mieux alors cette précipitation dans le décelenchement des opérations en Libye, qui permet ainsi  de détourner l'attention de l'Afghanistan. On comprend mieux aussi l'annonce faite il y a quelques semaines par Obama qu'il s'engageait dans une campagne pour un second mandat. On comprend in fine pourquoi, il y a quelques jours, le président américain a appelé auprès de lui, comme futur secrétaire à la Défense, Leon Panetta, le chef de la CIA, et qu'il a nommé à la place de ce dernier le général Petraeus, ancien chef du CENTCOM, le commandement central des opérations en Irak et Afghanistan qui, après la démission forcée du général McChrystal, était devenu le commandant en chef de l'ISAF qui conduit les opérations militaires américaines en Afghanistan.

La mort, dans ces circonstances, de Ben Laden, laisse par ailleurs les mains plus libres à Barack Obama pour insuffler une autre politique arabe, et plus largement moyen orientale et centrasiatique. Les conservateurs américains avaient inventé de nouveaux ennemis numéro un après la chute de l'URSS: le terrorisme islamique, incarné par Ben Laden, et, en Amérique Latine les trafiquants de drogue (1). Le démocrate Barack Obama tourne la page. Il pourra maintenant, du moins le pense-t'il, engager un véritable dialogue avec le monde arabo-musulman, tel qu'il l'avait défini dans son fameux discours du Caire.

Cependant, la mort de Ben Laden laisse pendantes bien d'autres questions que celles évoquées plus haut. Les commandos américains ont frappé au coeur du Pakistan et l'on comprend bien que pour des raisons d'efficacité les autorités d'Islamabad n'aient pas été mises au courant. Si aujourd'hui les officiels américains louent l'aide du Pakistan, il n'en reste pas moins que le chef d'Al Qaida, loin d'être planqué au sommet d'une montagne ou dans une grotte, vivait dans un complexe résidentiel non loin d'une des plus importantes base de l'armée pakistanaise dans un lieu fréquenté par le gratin des services spéciaux, des agences de renseignements et de l'état major pakistanais. Personne ne peut d'ailleurs penser que des officiers de l'ISI (les services secrets pakistanais), qui pendant la guerre soviétique en Afghanistan travaillaient main dans la main (c'est une litote) avec la CIA, n'étaient pas en contact direct avec le renseignement américain. D'autant plus que ce sont des officiers de l'ISI qui traitaient à l'époque avec les djihadistes, dont Ben Laden, et qui ont suscité et formé les premiers groupes taliban.

En jetant le cadavre de Ben Laden à la mer, dans le Golfe d'Oman, donc pas très loin de son lieu de naissance, les Américains ont voulu -ce qu'ils disent eux-mêmes- empécher que sa stèle ne devienne un lieu de pélerinage. Voudraient-ils faire de Ben Laden un mythe qu'ils ne s'y prendraient pas autrement.

   (1) Ce qui leur a permi d'intervenir militairement d'une manière ou d'une autre dans plusieurs pays d'Amérique latine, dont la Colombie et le Pérou, par le biais de la DEA. 

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