Les cantonales, dont la presse et les médias se sont bien gardés de parler, ont lieu dimanche prochain.
A Sainte-Geneviève des Bois (Essonne) la situation à défaut d’être ouverte n’est, en tout cas, pas fermée. Cinq candidats en lice.
Le sortant, Pierre Champion (divers gauche et inscrit au groupe des conseillers de gauche non inscrit) ne se représente pas. Il essaie de passer la main à Frédéric Petitta, jusque là directeur de cabinet du maire (Olivier Léonhart, lui même successeur de Pierre Champion à la mairie). Le maire est socialiste mais cela n’apparaît guère puisque, officiellement, il a été élu sur une liste intitulée Sainte Geneviève avant tout (1), sensée rassemblée la gauche. Frédéric Petitta est socialiste mais sur son matériel électoral, on n’en sait rien. On peut toujours se moquer des UMP qui avancent masqués…
Autre candidate, Sophie Mondrigot, de l’UMP, soutenue par le Nouveau Centre et par le Parti radical, dont on désespère qu’il existe encore si ce n’est par la grâce de Jean-Louis Borloo ex-futur premier ministre de Nicolas Sarkozy. Cette candidate dans la ville-canton qu’est SGDB a été élue municipale à Savigny-sur-Orge. Ce choix montre que la droite ne fait pas une campagne pour gagner mais pour préparer peut-être les prochaines municipales sans s'appuyer sur la droite locale.
Le troisième candidat (ancien UMP) est un représentant du Front national, parti qui, tiens comme c’est bizarre, fait la Une de la presse à quelques jours des élections. Passons.
Le quatrième vaut le détour. Sous l’étiquette audacieuse PDG (Parti des Génovéfains) Yassin Lamaoui (suppléante : Gwenaëlle Beauvais) attaque bille en tête le candidat de la mairie avec des arguments qui volent souvent bas. Comme s'il voulait créer une polémique pour une polémique et ne résumer l’élection qu’à un pugilat épistolaire avec Frédéric Petitta. En clair, susciter devant tant de hargne un réflexe vote utile pour le candidat socialiste non déclaré. Justement, le candidat de la majorité de la majorité municipale (2) avance avec force l’idée de vote utile (c’est-à-dire pour lui même). Une précision : aux dernières cantonales, en 2004, la gauche, au premier tour, avait obtenu 65% des suffrages, dont 57% pour Pierre Champion. Aucun risque, donc, de voir le canton tomber à droite. La complainte du vote utile n’a donc guère de sens à moins de se prononcer contre le pluralisme politique et pour le parti unique.
Le dernier candidat, c’est Philippe Decomble (PCF), présenté par le Front de gauche (PCF, PG et à SGDB les Alternatifs et soutenu par la minorité de la majorité municipale). Une candidature claire, qui ne se masque pas et qui, par delà les questions départementales pose les celles de l’alternative politique quelques mois après le grand mouvement contre la réforme des retraites en France et alors que les révolutions en Tunisie et en Egypte ont montré la profondeur de la volonté démocratique des peuples.
Mais au fait, il y avait une sixième candidate . Une écologiste présentée par Europe écologie Les Verts. Je l’ai vue moi même sur le marché de Sainte-Geneviève distribuer ses tracts et expliquer le sens de sa campagne. Et soudain, la candidate disparaît. Pressions en haut lieu, semble-t-il pour qu’elle retire sa candidature et que EELV puisse soutenir dès le premier tour Frédéric Petitta, en échange, sans doute, d’une circonscription électorale pour les Verts ailleurs. Drôle de façon de faire de la politique. Soyons clair : ceux qui proposent une véritable politique alternative et écologique à ces élections, sur le canton de SGDB, ce sont les candidats Front de gauche(Philippe Decomble, déjà cité, et Nicole Estève, remplaçante, membre du Parti de gauche).
Notons quand même que la campagne menée par le candidat officiel de la mairie ne manque pas d’air. Voilà qu’il indique que sa liste est une liste d’Union de gauche (3). On joue sur les mots et on trompe les électeurs. Une partie de la gauche seulement se retrouve derrière le candidat. Il serait plus judicieux de dire candidat socialiste. Car, posons la question : lorsque le soir du 20 mars on comptabilisera les voix au niveau national comptera-t-on les voix de Petitta avec celles des socialistes ou des divers gauche ?Si ces voix sont comptabilisées socialistes, il y a tromperie sur la marchandise. Si Frédéric Petitta est élu sera-t-il, comme l’était Pierre Champion inscrit au groupe des non inscrits de gauche ou au groupe socialiste ? Il vaut peut être mieux le dire avant les élections.
Mais c’est surtout sur le fond politique que le bât blesse. Il ne suffit pas de vanter le bilan du conseil général, même si c’est nécessaire, mais il faut aussi avoir un positionnement politique sur les grandes questions nationales et internationales. Les retraites que le candidat évoque : faut-il abroger la loi Woerth-Sarkozy comme le dit Martine Aubry ou reculer l’âge de départ à la retraite comme le dit Manuel Valls ? Et les 35 h ? Faut-il les conserver ou les abroger ? comme le dit encore le député maire d’Evry (celui qui voulait qu’on « rajoute quelques blancs, quelques white, quelques blancos » en se promenant sur une brocante de sa ville…)
Et dire que l’on fait campagne « pour continuer à bien servir Sainte-Geneviève », c’est réduire la politique au clientélisme. Ce n’est pas Sainte-Geneviève qu’il faut bien servir mais se mettre au service, et être porte-parole, des habitants des quartiers et des cités populaires, soutenir le monde du travail.
Bref, une fois écartés le PDG, aiguillon du candidat socialiste, la candidate UMP qui fait de la figuration, celui du Front national, il ne reste en fait que deux candidats qui comptent : le socialiste Petitta ou le Front de gauche Decomble. Choisir Decomble serait, de fait, conforter la majorité de gauche au conseil général en lui donnant un élu porte parole de la gauche du changement social et qui renforcera le groupe Front de gauche au conseil général (six élus actuellement).
(1) Sainte Geneviève avant tout rassemblait à l’origine tous les groupes de gauche soutenant l’action municipale. Depuis plusieurs mandatures il n’y a plus ni groupe socialiste, ni groupe communiste mais un groupe unique. Aux dernières cantonales en 2004, le PCF a présenté un candidat. On peut aujourd’hui s’étonner que le repli local (l’esprit de clocher comme on disait) soit érigé en doctrine politique.
(2) Une partie non négligeable des élus de la majorité municipale ont appelé à voter pour le candidat Front de gauche
(3) Dans un de ses tracts Frédéric Petitta déclare que sa candidature (avec Michelle Bouchon comme suppléante) est « celle de la gauche unie », ce qui est faux, comme le candidat et sa suppléante le savent bien..