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30 septembre 2016 5 30 /09 /septembre /2016 00:30

Shimon Pérès, né Szymon Perski dans la Pologne de l’entre-deux-guerres il y a 93 ans, est décédé des suites d’un accident vasculaire cérébral le 28 septembre dernier.

L’homme -ministre dans douze gouvernements, plusieurs fois Premier ministre, puis président de l’État-, aura marqué Israël, et donc l’ensemble du Moyen-Orient et du monde, de son empreinte. Bien qu’il ait reçu en 1994 le prix Nobel de la Paix, conjointement avec Yitzhak Rabin et Yasser Arafat (1), l’ancien ministre de la Défense et directeur général dudit ministère pendant de longues années peut difficilement être classé parmi les promoteurs de la paix ou même comme un adepte du dialogue avec les Palestiniens. Comme le note Dominique Vidal (2) : “S’il a participé à l’élaboration de la première paix israélo-palestinienne, Shimon Pérès a joué un rôle non moins certain dans son avortement, notamment en poursuivant la politique de colonisation.

Comme beaucoup de politiques israéliens, l’ancien président de l’État d’Israël aura toujours eu une attitude ambivalente. Partisan de la colonisation et de la répression contre les Palestiniens, il se fait sur le tard le chantre de l’ouverture, sans pour autant se donner les moyens d’une politique de paix avec les Palestiniens. Considéré comme un faucon dans la première partie de sa vie militante, il se voulait le « grand-père d’Israël » à la fin.

Sans être un militaire de carrière, il est de 1953 à 1959 le directeur général du ministère de la Défense, poste auquel il a été nommé par David Ben Gourion. Son activité principale est de contribuer à l’armement du jeune État et, surtout, de préparer la nucléarisation de la doctrine militaire israélienne. C’est à cette époque qu’il entretient des relations étroites avec la France de la quatrième république et qu’il prépare, conjointement avec elle et la Grande-Bretagne, la désastreuse expédition de Suez, entreprise pour riposter à la nationalisation du canal par Nasser (3).

Lorsque le Mapaï, le parti socialiste israélien, intègre en son sein le Mapam, marqué plus à gauche dans le socialisme israélien, il le quitte avec Ben Gourion. Dans un entretien publié à titre posthume Shimon Pérès raconte comment, membre des jeunesses du Mapaï, il avait réussi à en écarter les communistes et les pro-soviétiques. C’est à cette occasion, dit-il, qu’il avait été « repéré » par Ben Gourion.

Par-delà les péripéties de la politique israélienne il reviendra au parti travailliste, qui a alors une orientation plus centriste, avant de fonder avec Ariel Sharon le parti Kadima.

Quelques années plus tôt, il avait été le responsable de la plus cuisante défaite du travaillisme israélien. Après l’assassinat de Rabin, Pérès assure la présidence du conseil jusqu’aux élections générales de mai 1996. Pendant cette période, il assume la politique de la main de fer en lançant contre le Liban l’Opération Raisins de la colère qui se solde par des centaines de morts, notamment des dizaines de familles réfugiées à Cana dans un centre de l’Onu. Pérès que tout le monde donnait gagnant après l’assassinant de Rabin perd les élections.

À la fin de sa longue vie politique il devient président de l’État, voulant donner au monde l’image d’un sage.

  1. Par-delà les récipiendaires, il s’agissait alors de récompenser les accords d’Oslo et la démarche qu’ils étaient censés entreprendre.
  2. Les multiples visages de Shimon Pérès sur http://orientxxi.info/magazine/les-multiples-visages-de-shimon-peres,1497
  3. Suite à une menace conjointe des États-Unis et de l’Urss, les trois puissances attaquantes de l’Egypte ont dû rebrousser chemin. Comme quoi lorsque les grandes puissances veulent mettre fin à un conflit, elles le peuvent.

Article à paraître dans le numéro d'octobre 2016 de la PNM (Presse Nouvelle Magazine)

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