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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 23:55

Ben Ali, comme le shah d'Iran en 1979, comme Somoza au Nicaragua, en 1979 aussi, a ainsi pris la fuite, poussé dehors par un soulèvement populaire.

Aujourd’hui les masques tombent. Ceux qui depuis des années refusaient de dénoncer le régime tunisien sous de faux prétextes sont coresponsables des victimes sur place (on était à 78 morts lundi soir) comme ils étaient coresponsables des prisonniers politiques, de la torture, des assassinats, des interdictions de partis politiques et des atteintes à la liberté de la presse.

 

Coresponsables de l’écrasement dans le sang, comme à Gafsa, des manifestations et révoltes ouvrières.

 

L’ensemble de la presse, et particulièrement Le Monde et Libération depuis la chute de Ben Ali (1), ont donné moult détails sur la mainmise des deux principaux clans au pouvoir : les Ben Ali (famille et affidés de Monsieur), les Trabelsi (famille et affidés de Madame), sur l’ensemble des structures financières et économiques du pays.

 

A qui fera-t-on croire que Nicolas Sarkozy, marquant en ce sens la continuité avec ses prédécesseurs, ne savait rien de tout cela ? Qu’il ignorait, sans doute, cette coupe réglée, comme il ignorait les tortures et les milliers de prisonniers politiques ? De fait, les droits de l’homme sont, chez notre président, à géométrie variable, tout comme le droit d’ingérence, l’exemple de la Côte d’Ivoire le montre.

Pire encore, si l’on peut dire. Alain Juppé (qui avait promis de ne se consacrer qu’à Bordeaux) (2) donne comme excuse au silence des autorités françaises que l’on n’avait pas assez perçu l’exaspération du peuple tunisien. Sous entendu, tant que celui-ci ne se révolte pas, les atteintes aux libertés et les massacres peuvent continuer. Bel exemple d’un homme droit dans ses bottes.

 

Michèle Alliot-Marie plutôt que de défendre la démocratie, voulait former les policiers tunisiens à la répression des manifestations. C’est vrai que les Français ont su faire dans le passé : 1961, massacre des Algériens à Paris ; 1962 policiers lâchés contre les manifestants à la station de métro Charonne à Paris ; 1988 massacre d’Ouvéa, pour ne citer que quelques exemples.

 

Et on garde le plus pitoyable pour la fin. Cette déclaration, publiée sous forme de communiqué de Gérard Longuet, président du groupe UMP au Sénat : « Le groupe UMP du Sénat souhaite apporter son concours au gouvernement tunisien pour l’organisation des élections à venir et le contrôle de leur régularité au regard des normes démocratiques. » Ben tiens ! Longuet va aller organiser les élections sur place, maintenant qu’un réel pluralisme est promis. Mais quand la dictature régnait, Longuet s’abstenait de tout devoir d’ingérence. Entre Alliot-Marie qui veut enseigner à réprimer démocratiquement et Longuet qui veut enseigner à voter on est en plein retour du colonial.

 

 

 

(1)      L’Humanité, pour sa part, a toujours soutenu le combat du peuple tunisien et dénoncé la dictature de Ben Ali et du RCD.

(2)      On pourrait penser que l’ors des Palais présidentiels a eu raison des bonnes résolutions jupéennes, mais il n’est pas exclu que le maire ex député de Bordeaux pense qu’en se faisant une place au soleil il puisse être le recours en cas d’effondrement de Nicolas Sarkozy.

 

 

 

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